Un temps à pas mettre un chien dehors. Chapitre 6

By Aston's Cookies, 04/02/2014

Dernier chapitre de mes aventures pré-aston’s cookiesiennes !

 

 

Jeudi 18 février 2010

Waouh ! Bientôt deux mois que je n’avais tapoté le clavier !
Je suis déprimée. C’est la raison principale de mon absence prolongée.
Une lassitude certaine, mon nègre très occupé par ailleurs et, il faut bien l’avouer, une touffe de poils bien calée entre les coussinets.
Et pourtant, il s’en est passé depuis l’année dernière !
Ce n’est pas que je sois restée insensible au désastre d’Haïti, mais bon, je suis un chien et je n’y puis rien.
Les éléments, à pas cadencés, rappellent à nos égos démesurés leur parfaite insignifiance…
Non. Vraiment. Rien n’a réussi à me sortir de mon hibernation.
Les petits humains s’entre-dévorent toujours dans les cours d’écoles avec l’acharnement
des plus cruels prédateurs. Pire. Les animaux, eux, tuent pour bouffer, pour survivre et
pas par simple plaisir.
Les petits humains s’abreuvent de sang et de l’absurdité de l’acte gratuit.
Des êtres sans conscience aucune, sinon celle, primitive, d’une civilisation décadente.
Et ces «Humains» là, par principe de précaution, voudraient me museler, m’enfermer
et m’euthanasier ! Qu’ils se crèvent tous !
Moi, j’ai le coeur au bord des yeux. Je vaux mille fois mieux qu’eux.

 

 

 

Lundi 15 mars 2010

FAITES PÉTER LE CHAMPAGNE ! Je viens de décrocher mon premier contrat publicitaire !
Je suis, pour un an, l’égérie d’une jolie marque de vêtements féminins.
Et qui n’est pas pour les chiens !
À partir de septembre ma trombine s’affichera sur les t-shirts de la collection.
Il paraît que j’ai fais mon petit effet au Who’s Next (tiens-tiens, ils n’en ont pas parlé dans le Fashion Daily News ???).
Maman n’est pas peu fière : sa fi-fille bientôt sur le devant de la scène !
Comme quoi, pas besoin d’un bac +5 pour faire quelque chose de ses quatre pattes…

 

 

 

Vendredi 2 avril 2010

Je viens de recevoir ma médaille de baptême du chien branché !
Merci ! Merci qui ? Non, Merci. L’anti-Colette ! The concept-store qui, depuis un an, fait courir tous les bobos de Paris et province réunis.
Décemment, je ne pouvais pas passer à côté vu mon nouveau statut de bête de mode.
Quoique, vu qu’il y en a à chaque réverbère, c’est déjà démodé…
Pas que je fasse ma pimbêche, mais je suis plus sophistiquée qu’il ne paraît.
Et gourmet qui plus est !
Pas question, non plus, de me refiler n’importe quoi à becqueter.
Dimanche dernier, occupé à couper de fines tranches de jambon, papa se laisse amadouer par mon doux regard implorant et m’en sert un bon gros morceau…
ça va pas la tête, c’est pas celui-là que je veux ! Je veux le San Daniel que tu t’apprêtes à couper et pas le reste de celui ordinaire et trop salé !
Aston, n’importe quel chien serait heureux de ce jambon et remuerait de franche reconnaissance son moignon de queue.
D’abord je ne suis pas n’importe quel chien. Ton bout de jambon, là, tu le manges si tu veux et moi je prends le San Daniel.
Au cas où le langage des yeux ne serait pas suffisamment éloquent, je détourne la tête de son offrande et plante mon museau à deux centimètres de l’objet de ma convoitise.
Là c’est clair. Papa cède, remballe son second choix et m’ouvre les portes du paradis…
La prochaine fois, il n’essayera même plus de marchander. Non mais.

 

 

 

Mercredi 21 avril 2010

Je sais, je sais, je néglige mon blog.
Ce n’est pas ma faute, je fais une dépression.
Rien ne m’intéresse plus. Je traîne ma glue du lit au canapé, du canapé au panier et du panier au lit.
C’est mieux ainsi…
Ma colère, ma haine sont tellement grandes que leur extériorisation ferait passer l’irruption
de l’Eyjafjöll et son nuage de cendres pour un pet de souris.
Des cendres… Les réduire à l’état de cendres, ces escrocs qui ont ruiné papa et maman, ces pourritures qui me gâchent une vie qui pourrait être si douce et sereine.
Je ne mange plus que de la viande crue. Le goût du sang m’apaise.
Une vague réminiscence de mes instincts ancestraux, la délectation d’une chair chaude et frémissante, encore vivante.
Jouissance suprême, je voudrais voir dans leurs yeux l’ultime terreur, sentir sous mes crocs le cri de leurs os, l’odeur fétide de leurs entrailles livrées au caniveau.
Putain que ce serait bon.

 

 

 

Lundi 3 mai 2010

L’arrivée des beaux jours va-t-elle me sortir de ma torpeur ?
Pas sûr. Je n’aime pas la chaleur. Mais je dois avouer que la floraison du magnolia me met en joie.
Toute relative la joie quand je pense aux heures noires que vit notre terre sacrifiée au Dieu Pétrole…
Coquillages, alligators, dauphins, oiseaux, plus de 400 espèces animales en péril et un grand coup de «tatane» dans l’écosystème mondial… Bye-bye Bayous. Pauvre de vous. Pauvre de nous.
Qui se souvient vraiment de l’Exxon-Valdez, de l’Erika, de l’Amoco-Cadiz, du Torrey-Canyon et du Prestige entre autres catastrophes pétrolières ? Que sont devenues les promesses «plus-jamais-ça» ? Des millions de tonnes de brut répandues…
Les indignations de vierges effarouchées s’étouffent, engluées, au fond des gorges.
Le pétrole coule dans vos veines et l’overdose vous guette.
Votre élixir de vie ne va pas tarder à nous donner la mort.

 

 

 

Lundi 10 mai 2010

La chair est faible… J’ai craqué !
Malgré les promesses que je m’étais faites («jamais, jamais, jamais !») et en dépit du caractère borné dont je suis affublée, ça y est, c’est fait, j’y suis… Sur facebook !
Je n’ai pas pris de pseudo, mais impossible de caser ma particule dans son intégralité.
Pas de noms à rallonges douze couverts : pas assez populaire sans doute.
J’ai donc dû abandonner mon Royaume, prix de mon accession au «vrai monde», et ne suis plus qu’Aston des Gardiens d’Eden.
La plèbe tout entière ralliée au réseau de Big Brother aura eu raison de ma noblesse.
Un petit week-end de pianotage sur mon mur et celui de mes «nouveaux» amis de toujours et… Je n’ai toujours pas cerné l’utilité de cet outil formidable !
Désespère pas ma fille, tu dois avoir le cerveau lent…

 

 

 

Lundi 30 août 2010

Quatre mois de sèche sur mon écran blanc !
À notre belle époque, cette attitude frise l’autisme profond.
Je me suis posée la question de mettre un point final à mon journal.
Depuis le 1er décembre 2008, la récurrence des motifs de mes agacements m’oblige à une répétition qui pourrait,
à force, vous ennuyer. Le train-train fini par m’essouffler.

Comme certains d’entres-vous je ne suis pas partie en vacances.
D’ailleurs de ma vie je ne suis jamais partie… Et malgré une idée fort répandue, on n’en meurt pas !
J’ai regardé du fond de mon panier, mes parents trimer tout l’été pour subventionner les vacances chroniques d’un grand nombre de leurs concitoyens, les « acquis sociaux » n’étant pas faits pour les chiens !
Ils sont à cran. Ils en ont marre de transpirer pour trois croquettes. Alors non, non et non, ils ne vont pas, en plus, donner la moitié de ma gamelle aux Roms…

 

 

 

Samedi 25 septembre 2010

vitrine

 

 

 

 

 

 

 

 

 

« Combien pour ce chien dans la vitrine ?
Ce joli p’tit chien jaune et blanc.
Combien pour ce chien dans la vitrine ?
Qui pench’ la tête en frétillant… »

Z’avez vu ! C’est moi. Là, dans la vitrine !
Je me promenais bien tranquillement dans les rues de Nantes, lorsque je me suis retrouvée truffe à truffe avec moi-même !
L’aiguillon de la fierté ( toute contenue, vous me connaissez ! ) m’a tout de même titillé le coeur quelques heures durant… Et je ne vous parle même pas de maman !

 

 

 

Mercredi 8 décembre 2010

Je paris que vous m’aviez oubliée ! Je l’ai bien cherché.
Désolée, cette année à deux doigts d’être écoulée, m’a largement alimentée en chats à fouetter.
Plus de temps pour mes humeurs, bonnes ou mauvaises d’ailleurs.
Plus envie de laisser traîner mes crocs non plus.
À quoi bon !
Ras le bol des Maîtres Capello au rabais donneurs de leçons, ras le bol de tous ces empêcheurs de dormir en rond.
Rideau sur 2010, mauvaise pièce de boulevard aux rebondissements navrants !
Je me réserve pour 2011. À moins que….

 

 

 

Lundi 10 janvier 2011

DÉBORDÉE !
Vous n’avez pas idée de tout ce que l’on peut accumuler en peu de temps !
Je suis dans les cartons jusqu’à la truffe : Aston déménage et se demande où elle a bien pu dénicher ces montagnes d’objets qu’il faut, à présent, déplacer.

Dans trois petites semaines je dormirai dans ma nouvelle niche.
Questions existentielles : aurais-je droit au nouveau canapé ? Serais-je toujours la bienvenue dans le panier familial ? Devrais-je apprendre à me déplacer avec les patins – les humains sont particulièrement maniaques quand ça sent le neuf.
Cela m’angoisse un peu, non pas que je regretterai le «taudis» que je quitte…
Non, mille fois non. Mais la nouveauté, en chahutant mes petites habitudes, me fait monter la tension au dessus du 2 fatidique !
Un nouveau jardin à nettoyer (attention les chats, me voilà !), un nouveau quartier à renifler, de nouveaux voisins à fréquenter (jamais vu autant de Labradors au mètre carré !)…
Une nouvelle vie, ce n’est pas rien.

 

 

 

Mardi 13 septembre 2011

Huit mois ! Huit mois sans avoir pointé ma truffe par ici…
Pas que je me sois tournée les coussinets. Non : j’ai été bien occupée.
À six ans déjà, il est temps de donner une nouvelle impulsion à ma «carrière», ou plutôt d’en commencer une vraie… Autre que «bête de mode» ou testeuse non-rémunérée de matelas !
J’ai décidé d’avoir un job et de gagner mes croquettes.
Qu’il ne soit pas dit que je sois un poids (60 kg tout de même !) pour la société.

Ma rubrique «gamelle» m’a encouragé à pousser plus loin mes efforts… J’y ai pris goût.
Je me lance dans la bouffe ! Me voici Aston chef produit dans l’agro-alimentaire !
Bon, je débute tout juste… Je vous raconterai peut-être un jour ma nouvelle vie de chien.

 

 

 

                                  FIN