Suite de « quand j’étais jeune et idéaliste » ou les coups de gueule d’une chienne bien énervée !
Mercredi 18 février 2009
J’inaugure aujourd’hui une nouvelle rubrique sur mon blog : “gamelle”.
Des recettes gourmandes pour changer du ron-ron quotidien.
J’ose espérer l’indulgence de mes lecteurs, que la gamelle, ce ne soit pas moi qui me la prenne !
Au menu aujourd’hui : les biscrocs de la mer.
Bientôt sur l’ardoise : le risotto chow chow
Bon appétit !
Vendredi 20 février 2009
Waouh ! Mon nègre est remontée en ce moment !
Elle ne s’acharne même plus à camoufler sa misanthropie, son dégoût (sa haine ?) de la race humaine. Faut dire qu’il y en a qui cherche…
Cet après-midi, il faisait beau. Maman décide donc de m’emmener faire quelques courses à pattes.
Chemin faisant, nous arrivons à la hauteur de deux jeunes filles d’une vingtaine d’années maquillées comme des voitures volées. Au moment de les croiser, l’une d’elle exécute trois bonds terrifiés en poussant un cri hystérique que n’auraient pas renié toutes les victimes de Freddy les Griffes de la Nuit réunies.
Maman, agacée par l’abyssale bêtise, lève les yeux au ciel.
– Ben quoiââââââââ, pas besoin de faire cette tête làààààà… s’adresse à maman la fille à qui j’ai fait tant d’effet !
– Non mais vous avez vu la vôtre de tête ? Je n’en pousse pas un hurlement pour autant ! Leur tance maman, plantant là, Bécasse première, sa dauphine et leurs gueules d’ahuries.
Trop c’est trop ! Maman a pris la résolution irrévocable de ne plus appliquer les lois de bienséance qui sont, soit disant, sensées régir le bon fonctionnement de la vie en société. Désormais c’est zéro effort avec les cons. ça va saigner !
Samedi 28 février 2009
COMMENT-T’ES-PAS-SUR-FACEBOOK ???!!! J’hallucine ! Mais de quelle planète tu débarques ma vieille ? Aujourd’hui si tu n’es pas un cyberchien tu n’es rien ! Renifle les pipis pour être au courant de ce qui se passe dans ton quartier, ok ! Mais tu es une attardée si tu ne te fais pas 30 millions d’amis sans quitter ton panier !
Ben non, je ne suis pas encore référencée sur Facebook, n’en déplaise à Mabrouk !
Même si j’ai pu me rendre compte, à mes dépends, que faire partie d’un réseau est très très important.
Dans la trame d’un réseau éculé (d’enculés?), d’un réseau de zozos, le dernier des zéros est le roi du monde.
Là où je vis, appartenir à ce réseau vous permet d’escroquer qui vous voulez, non seulement en toute impunité, mais avec la complicité et les encouragements des représentants de la justice… normal ils en sont aussi !
Ce réseau* là, se passe de freebox et de wifi ! Un verre de Blanc en haut débit tous les lundis suffit ! Et loin de toute éthique, le seul rêve qu’il nourrit est celui de ses membres pourris.
* commence par un R et fini par un Y
Mercredi 11 mars 2009
Je commence seulement à reprendre mes esprits. À boire, un peu. À manger, un peu.
Hier, j’ai été opérée. Désormais, je ne suis plus apte à procréer.
De toute façon, j’avais décidé que non et non je n’aurai pas de bébés, mais de là à me retrouvée ménopausée !
C’est mon papa adoré qui s’en est chargé. Maman et lui craignaient que l’été retrouvé, le fléau purulent ne me laisse moins chanceuse que lors de sa première attaque.
Mon vétérinaire l’a assisté… Quand papa a glissé ses doigts dans mes viscères…
Quelle impression cela lui a fait quand il m’a coupée ?
Il ne me le dira sans doute jamais. Je ne lui en voudrais jamais. Non plus. C’était pour me sauver. Je t’aime mon papa.
Lundi 23 mars 2009
Ouf ! Le bol !
Heureusement que je suis un chien ! Un chien ça ne croit en rien.
Et ce n’est pas pour cela qu’un chien fait du mal à son voisin.
Un chien ça se tient bien loin de l’obscurantisme. Et bien que poilus, loin de tous les barbus ! Les croyances personnelles sont respectables, les institutions qui les représentent sont débectables.
Armes anti-personnelles insidieuses, dangereuses, elles détruisent le centre névralgique avant de toucher la chair. Ennemies de la libre pensée, ennemies du progrès, pires ennemies de l’individu qu’elles réduisent en esclave d’une morale douteuse. Depuis la nuit des temps, les exemples ont émaillés l’histoire de l’humanité de leur cruelle perversité.
En tant que chien, quelque chose m’échappe.
L’humain revendique son droit au bonheur qu’il entend être un dû inaliénable, par l’assurance vie du zéro risque, de la prise en charge maximale, de la dé-responsabilité totale.
Tout à fait possible, mais à quel prix ?! Le renoncement à la liberté.
Privé de liberté, qu’il aura troqué aux religieux et aux politiques contre un passeport pour l’Au-delà et un écran plasma, l’humain serait donc heureux !
Je vais lui présenter Médor, un chien de ferme, enchaîné mais à l’abri des intempéries. Il ne pense plus Médor. Il ne tourne plus rond, bien que sa vie se résume à creuser une tranchée bien circulaire autour d’un poteau. Son dieu, dans sa grande bonté, lui jette de temps à autre un quignon de pain. Et bien ces jours là, Médor, il remue la queue ! C’est vous dire comme il est devenu con !
Dimanche 29 mars 2009
C’est la CRISE.
Même pour nous les toutous.
Point de traders, de banquiers fous, de financiers sans scrupules parmi nous, mais nous trinquons aussi à leur hérésie. À la merci des hommes, nous sommes aujourd’hui des milliers à être abandonnés pour cause de Crise.
Nous donnerions notre vie pour l’homme, il ne sacrifierait pas ses congés payés pour le seul amour véritable et inconditionnel qui puisse lui être donné de connaître.
Jouets choyés du bon vieux temps, jetés au rebut quand rien ne va plus, nous nous retrouvons par wagons, hébétés, entassés dans des chenils transformés en camps de la mort… un détail dans cette amorale guerre moderne.
Vendredi 10 avril 2009
C’est le printemps ! Le renouveau !
“ Le changement dans la continuité ” comme on disait aux temps anciens que les moins de vingt ans – c’est mon cas – ne peuvent pas connaître…
Ah ! Les années 80 ! Le coeur à gauche et le porte monnaie à droite, les start-up flatulentes, les as du parachutisme, la frime, la flambe, l’état sponsor, la civilisation des loisirs… Bref un grand coup de pied dans les bonnes vieilles valeurs de papa ! On va finir par croire que je suis réac…
Mais la rose avait des épines : écharde après écharde, les panaris ont fini par faire place à la gangrène.
Trop longtemps accumulés, pleins à craquer, les sombres nuages déversent aujourd’hui sur nos têtes leurs pluies acides. Les grandes forêts artificielles, alors feuillues et verdoyantes, dévoilent leurs secs squelettes. Les terres ne sont plus que jachères en attendant un hypothétique rayon de soleil. Bourgeons et jeunes pousses téméraires sont fauchés en pleine croissance par les traîtres gelées.
Mère Nature à la dent dure ! Oeil pour oeil, elle nous distille sa vengeance en échantillons.
Bien fait ! Enfants prodigues, pourris jusqu’à la lie, nous l’avons piétiné des talons.
Le repentir n’est plus accepté dans cet établissement. Nous avons épuisé notre crédit. Payons.
Mercredi 22 avril 2009
Polémique.
Hier soir, il y avait “Danse avec les Loups” à la télé.
Je ne suis pas très télé, je zieutais à discrétion en direction de l’écran, alors je ne sais pas vraiment quand cela a commencé entre papa et maman.
Comment peux-tu regarder un truc aussi horrible ? Lance soudain, passablement énervé, papa à maman, juste au moment où dans la lucarne, des soldats débiles profonds font un carton sur Chaussette le loup.
Regarder, ce n’est pas créditer la connerie humaine. Maman qui avait déjà vu le film plusieurs fois, attendait impatiemment la scène suivante – celle de la vengeance – pour mettre fin d’une part à une discussion sans issue, et d’autre part pour savourer chaque scalp bien mérité à la mémoire de feu mon lointain cousin.
Devoir de mémoire, devoir de conscience…
Devons-nous tourner la tête chaque fois qu’une perversité, qu’une dégénérescence nous touche ? Abolissons-nous les ignominies par de muettes révoltes ?
En même temps, aucun révélateur si puissant soit-il n’a jamais empêché la terre de tourner dans le même sens.
Il n’y a plus de loups, ni de Sioux à massacrer, mais il y a toujours quelque part un homme pour être l’indien d’un autre homme. Alors, c’est sûr, papa et maman ne vont pas, en plus, se pourrir la soirée…
Parfois je me demande vraiment comment l’Homme est-il arrivé à régner en maître absolu sur la planète. Certainement parce que c’est le plus vil des êtres vivants.
Je rêve souvent d’une terre aux pattes des chiens… Aujourd’hui encore je danserais avec les loups, les bisons, Dix Ours et Oiseau Bondissant.
Mais bon, on ne vit pas à Dysneyland… Et même là-bas, la maman de Bambi s’est faite descendre !
À suivre…